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Rapporteuseduweb.com

Magazine Sociétal et d'humeur

Pesticides & Cie

Ouh, pas très glamour, le sujet du jour. Mais, au-delà de son importance intrinsèque, je crains qu'il fasse aussi symbole pour d'autres secteurs économiques. De plus, j'aime l'agriculture, autant que la culture, et l'éducation. Et la natation (ça c'est faux, ne pas croire tout ce qui est écrit, rule 1)

Les pesticides sont un des chevaux de bataille de l'Europe, pour ne pas dire son épouvantail à moineaux préféré. AÏE AÏE AÏE, je n'ai pas terminé!!!! Je ne veux pas dire qu'il ne faut pas s'en occuper, je dis juste, que sur ce sujet encore, on se fait promener.

Je travaille, entre autres, dans l'agriculture depuis de nombreuses années. Dans le même temps, j'ai assisté à de profonds changements, certains extrêmement positifs. Ainsi, j'insiste, la prise de conscience nécessaire du danger que constituent les pesticides et autres produits phytosanitaires.

Néanmoins, cette "prise de conscience" par les pouvoirs publics n'en est pas vraiment une. Les dangers pour la santé (de ceux qui les appliquent et ceux qui les ingèrent) et pour l'environnement sont connus ou suspectés depuis longtemps, notamment par les scientifiques. Je m'interroge alors sur la politique européenne à cet égard et à laquelle la France se range. Quel en est réellement l'objet? Quelle efficacité a t-elle? N'y aurait-il pas aussi de la démagogie et du nuage de fumée dans les informations qui sont livrées?

Photo David Mignérat

Photo David Mignérat

En vérité (même si ça ne fait pas plaisir), nous ne pouvons nous passer totalement de traitements de protection des cultures (chimiques ou pas, herbicides, fongicides ou insecticides). À moins de rayer l'agriculture du territoire français. Mais nous pouvons et devons en réduire l'usage. De manière raisonnée, égalitaire, et efficace. Ce n'est pas vraiment le cas.

Pour que son usage soit autorisé en Europe, un produit phytosanitaire doit recevoir une homologation. Celle-ci est attribuée par les pouvoirs publics après étude d'un dossier (technique et expérimentations). Ce dossier est en principe monté, les essais techniques menés, et tous les frais payés par la firme phyto-pharmaceutique qui souhaite commercialiser le produit concerné. Ce dossier doit prouver que dans des conditions réglementaires définies par famille de plante (Délai d'Utilisation avant Récolte et Limites Maximales de Résidus), la substance ne présente pas de danger (c'est à dire, plus exactement, reste dans les normes fixées).

Ce qui est extraordinairement rassurant ;=( c'est que plus une branche agricole concernée est puissante (en termes de volumes produits, nombre d'exploitations, tailles d'exploitations), plus elle dépense de l'argent en produits phyto, plus la firme concernée sera motivée à faire homologuer ses produits. À contrario, vous l'aurez compris, les petites filières ou cultures mineures, présentant peu d'intérêt économique pour les firmes pharmaceutiques, auront de moins en moins de produits phyto à leur disposition. Et, par conséquent peuvent de moins en moins produire, le coût financier du désherbage manuel, l'impossibilité de traiter des maladies bactériennes -bénignes- mais destructrices pour une culture, les conduisant à arrêter, purement et simplement leur exploitation.

In fine, certaines productions agricoles (qui ne sont pas nécessairement les plus gourmandes en pesticides) disparaissent du paysage agricole français. À ce rythme, et à un terme très court, la France se verra conduite, de manière croissante, à importer une grande partie de produits agricoles/agroalimentaires. Alors, oui! Réduire et maîtriser l'usage des photo, oui, c'est évident. Sauf que les produits que nous importons en particulier de pays tiers -en remplacement de ceux que les agriculteurs français ne peuvent plus produire, malgré leur grande qualité- sont loin de garantir une sécurité sur le plan des pesticides. Et nous ne savons pas toujours, alors, ce que nous ingérons. En outre, certaines branches agricoles qui elles disposent d'une armada de molécules homologuées à disposition, ne sont pas les moins généreuses lorsqu'elles en balancent sur les cultures...

Photo Davie Mignérat

Photo Davie Mignérat

photo David Mignérat
photo David Mignérat

Une des solutions est d'accompagner la diminution de l'usage des produits phytosanitaires:

- En sélectionnant tout de même des molécules nécessaires, ayant un impact minimum sur l'environnement (la prohibition absolue n'a jamais fonctionné).

- En abaissant les charges sociales pour les branches agricoles les plus touchées et les exploitations de petite taille: la diminution des charges sociales sur les travailleurs agricoles (souvent saisonniers) permettrait par exemple de remplacer du désherbage chimique par du désherbage manuel ou mécanique (et accessoirement améliorerait un peu l'emploi en zone rurale)

-En contraignant les firmes pharmaceutiques à demander l'homologation des produits sur la base de leur innocuité (relative) plutôt que sur des critères de profit (absolu).

- En favorisant les petites exploitations et en les accompagnant : elles sont garantes de l'indépendance alimentaire du pays, de la qualité des produits agricoles que nous mangeons, du tissu économique rural de la France, et de nos paysages.

Chaque sou dépensé par la collectivité pour défendre ce secteur, lui est -et lui serait rendu, décuplé.

D'autres articles à suivre, bien-sûr, sur le même sujet, et sur le bio aussi.

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